La mode se démode, le style jamais
(Coco Chanel)

dimanche 27 février 2011

Sur les routes de la soie

Dans le cadre d'un reportage pour mon journal, j'ai eu l'occasion de me pencher un petit peu sur l'impression sur étoffes, qui a été une industrie importante du bassin lyonnais, et dont certaines entreprises travaillent encore pour des grandes maisons de couture. Mais ce n'est pas là la seule richesse de la région de Lyon. Il semblerait que ce soit également le berceau de la soie (en France, bien sûr).
La soie est issue du cocon de la chenille des Bombyx de mûrier et sa tradition remonte au XVIIe siècle avant J.C., en Chine.
Pendant près de trois millénaires, les Chinois ont jalousement gardé le secret de la sériciculture, apportant une aura de mystère à ce produit de qualité, qu'ils exportent néanmoins sans problème. La culture des mûriers et l'élevage des vers à soie sont, à l'époque, principalement destinés aux femmes. Pendant près d'un millénaire, la soie est réservée à la famille impériale et, si son utilisation se développe doucement dans les couches sociales inférieures, ce n'est que sous la dynastie Qing (1644-1911) que les paysans ont le droit d'utiliser le tissu. Les fils de soie ne servent alors plus uniquement aux vêtements, mais sont également utilisés pour des tissus de décoration ou dans une utilisation plus "pratique" et "utile", comme pour certains instruments de musique, pour la pêche ou encore pour les arcs.

Malheureusement pour les Chinois, espions et marchands finissent par s'approprier les techniques et les diffusent dans le reste du monde. Elles atteignent la France, et le reste de l'Europe, au cours du Moyen-Age.

En 1466, Louis XI, alors roi de France, souhaite développer une production nationale de soie à Lyon. Mais face aux protestations des Lyonnais, il délocalise l'installation à Tours. Ce n'est qu'en 1535 que la soie ne prendra réellement place dans le bassin lyonnais. À cette époque, le roi François Ier signe une charte avec Etienne Turquet et Barthélémy Naris, deux artisans négociants, leur permettant le développement de la soierie à Lyon et le monopole de la production dans la ville. C'est la naissance de la Fabrique.

Le XVIe siècle voit Lyon devenir la capitale européenne de la soie. Le roi en place fait alors planter quelques 400 000 mûriers, principalement dans les régions des Cévennes et de l'Ardèche. Le succès se poursuit le siècle suivant, avec l'affranchissement de Lyon de l'influence italienne. L'ancienne capitale des Gaules devient alors le centre incontesté de la soie. Au milieu du XVIIIe siècle, Lyon compte 14 000 métiers à bras, qui servent à nourrir près d'un tiers de la population lyonnaise.

En France, au XIXe siècle, le textile est la principale activité industrielle et Lyon est, depuis un siècle, la première ville ouvrière du pays. Avec l'industrialisation arrivent les métiers à tisser et les premières difficultés. Ils sont tellement hauts qu'ils ne peuvent être installés dans les petites maisons habituelles des tisseurs. La fabrique de la soie est alors délocalisée dans les anciens couvents de la Croix-Rousse - qui, à l'époque, n'est pas encore un quartier de Lyon mais une commune à part entière. C'est la naissance d'un quartier manufacturier et d'une catégorie professionnelle spécifique : les Canuts, ces ouvriers se consacrant uniquement à l'industrie de la soie.

Avec la mécanisation et l'automatisation des machines, la Révolution Industrielle sonne le glas de la gloire de la soie française. La révolte des Canuts, en novembre 1831 et à nouveau en 1834, préfigure les grands mouvements ouvriers de la Révolution Industrielle et se termine dans un bain de sang, avec l'intervention de l'armée, sous la direction du maréchal Soult. Quelques mois avant ce soulèvement populaire, le 23 octobre 1831, les Canuts ont créé le premier journal ouvrier de l'époque, L'Echo de la Fabrique. Cet hebdomadaire de huit pages paraîtra jusqu'en 1834.

Les choses ne vont pas en s'améliorant et, en 1845, apparait une maladie des vers à soie, jusqu'alors inconnue en Europe. Ces années de dépression pour la sériciculture seront le théâtre du livre d'Alessandro Baricco et le début du déclin de l'industrie de la soie en Europe. Dans ce déclin et en période de Grande Dépression (1873-1896), la production lyonnaise s'industrialise totalement. Elle profite de l'apparition de la Haute-Couture - initiée par l'anglais Charles Frederic Worth - pour trouver de nouveaux débouchés et ainsi faire face à l'invention.de la soie artificielle - meilleur marché - par le comte Hilaire de Chardonnet, en 1884. La multiplication de ces difficultés plonge l'Europe dans une crise de l'industrie de la soie et permet au Japon, qui s'est industrialisé, de devenir le principal producteur mondial de soie.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, la soie est devenue un produit de luxe. La Fabrique n'existe plus mais a joué un rôle important dans le développement de nouveaux axes de production dans la région lyonnaise. Ses capitaux ont permis le développement de l'économie (comme la création du Crédit Lyonnais) et son savoir-faire a permis le développement de l'industrie de la chimie (avec Arkema, par exemple) et de la pharmacie (notamment les laboratoires Boiron).

Aujourd'hui, la production mondiale est principalement réalisée par la Chine, et l'Inde et le Japon sont les deux plus grands consommateurs de cette matière. Lyon ne compte plus que très peu de fabricants de soie et ces derniers ne sont presque qu'exclusivement sur le marché de l'ameublement très grand luxe.

À Paris, l'entreprise Au Ver à Soie, vend encore de la soie en bottes. Je n'ai pas trouvé d'industrie lyonnaise, mais l'association Soierie Vivante sauvegarde le patrimoine lyonnais et propose des visites et des ateliers de tissage.

Sources : wikipedia ici et ici, Lyon passionnément ici.
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